Les Voix Du Silence
Guadeloupe Caribbean
2023
Jocelyn Akwaba-Matignon, artiste peintre, et Sébastien Perrot-Minnot, archéologue spécialisé dans le monde amérindien et Consul honoraire du Guatemala à Fort-de-France, se sont rencontrés pour la première fois en 2017, à la faveur d’une visite de la guide spirituelle maya guatémaltèque Francisca Salazar Guaran, dite « Nana Panchita », en Martinique. Depuis, ils se sont régulièrement retrouvés, et ont développé des échanges prolifiques sur les thèmes de l’art, des traditions amérindiennes et de l’archéologie précolombienne.
A la suite de leur collaboration dans le cadre de l’exposition de Jocelyn Akwaba-Matignon, « Les Seigneurs – Lords » (2020-2021), l’idée leur est venue d’entreprendre un projet de dialogue entre l’Art et l’Archéologie, afin d’enrichir leurs réflexions et leurs pratiques respectives - suivant en cela une démarche qui a livré des résultats très intéressants, ces dernières années, dans diverses régions du monde.
Dans un article publié en 2016 dans Les nouvelles de l’archéologie, « Les archéologues sur le terrain de l’art contemporain », l’archéologue orientaliste Michaël Jasmin concluait : « Les interventions « artistiques » visent rarement à accroître la connaissance ou la compréhension des sociétés du passé mais elles interrogent très précisément sur notre relation au passé. Elles jouent aussi finement de la polysémie des sens et des usages de l’archéologie. Aux questions qu’elles posent à la discipline, à ses méthodes, ses modes de visualisation, ses procédures ou ses pratiques de médiation, elles apportent des éléments de réponse intéressants et souvent justes ».
Jocelyn Akwaba-Matignon et Sébastien Perrot-Minnot ont ainsi décidé de croiser leurs regards et de mêler leurs approches dans un dialogue portant sur 20 œuvres préhispaniques du Guatemala, « Cœur du Monde Maya », un pays auquel ils sont tous deux très attachés. Les œuvres en question -dont le nombre fait référence à un puissant symbolisme numéral maya- ont été choisies pour leur pouvoir d’évocation, de fascination et d’interrogation. Elles ont été produites dans différentes régions : sur la côte Pacifique, dans les hautes terres et dans les basses terres (à Quirigua, Patrimoine Mondial). Certaines sont fameuses, tandis que d’autres sont inconnues du grand public. Le corpus comprend des sculptures très variées, mais aussi une structure architecturale.
L’artiste et l’archéologue ont abordé ces œuvres ensemble, lors d’un séjour au Guatemala, en 2021-2022, avec le soutien d’institutions publiques, de propriétaires de fincas renfermant des vestiges préhispaniques, et d’archéologues. Ils ont ensuite interprété les biens archéologiques, chacun de son point de vue et à sa manière, avec des mots et des formes, et ont noué de longues et passionnantes conversations à leur sujet. Leurs réflexions ont intégré des contributions de la guide spirituelle Francisca Salazar Guaran, et le projet dans son ensemble a bénéficié de l’accompagnement et du précieux soutien de Sylvie Jean-Baptiste.
Les résultats de cette démarche ont dépassé les attentes des deux protagonistes, en ouvrant de nouveaux horizons à la créativité artistique, à la valorisation du patrimoine, mais aussi à la recherche archéologique, et finalement, à l’idée que nous pouvons nous faire de nous-mêmes, en tant qu’êtres humains.